L'effet du mélodrame, 1830 [Musée Lambinet]
Une loge, un jour de spectacle gratuit, 1830 [Musée Lambinet]
Célèbre peintre de genre et de portrait, né à
La Bassée (arrondissement de Lille, en 1761, mort à Paris en 1846, était
fils d'un sculpteur sur bois. Ses aptitudes spéciales se manifestèrent de bonne
heure: à peine âgé de onze ans, il exécuta un grand tableau, représentant
saint Rock guérissant les pestiférés, qui, a en juger par l âge de son
auteur, ne devait pas être un
chef-d'œuvre, mais qui révélait tout au moins une vocation déterminée.
Deux ans après, Boilly s'en alla à Douai
demander asile à l'un de ses parents, prieur des Augustins; il paya
l'hospitalité du couvent en faisant les
portraits des moines, se créa peu à peu une petite clientèle en ville, se risqua même à entreprendre quelques
tableaux de genre, puis partit, en 1774, pour
Arras, où il résida cinq années, travaillant, étudiant, écoutant les
conseils et en faisant son profit. La
Révolution le trouva a Paris, où il était arrivé en 1779, jouissant déjà d'une
réputation méritée par une grande
facilité de touche et par l'esprit d'observation qui règne dans ses
tableaux de mœurs. MM. de Concourt, dans
la Société sous la Révolution, mentionnent un fait d'autant plus piquant pour nous
qu'il intéresse deux de nos concitoyen: c'est une accusation lancée par Wicar,
dénonçant Boilly comme corrupteur des
mœurs. Il convient de dire, pour expliquer cette action, que le pinceau de
Boilly se complaisait fréquemment à
cette époque dans le genre grivois; il n'en fallut pas plus pour blesser l'austérité républicaine de son
compatriote.
Quoi qu'il en fût, Boilly prévenu à temps
trouva aisément dans son active imagination le moyen de détourner de sa tète l'orage qui la
menaçait, et les délégués du tribunal révolutionnaire chargés de l'enquête le trouvèrent au milieu
de son atelier fort occupé de terminer un tableau patriotique qui lui
mérita leurs éloges et leur protection.
Ce tableau n'était autre que le Triomphe de Marat actuellement au musée de
Lille. A par- tir de 1799, époque à
laquelle il remporta un premier prix de 2,000 fr., jusqu’ en 1820 Boilly s'adonna à des compositions plus importantes
et contenant plus de personnages que ses
précédentes peintures; ses sujets préférés sont des assemblées
publiques, des fêtes populaires, des
intérieurs de café des entrées de spectacle, des scènes de la rue, etc., mais
tout cela est saisi avec une verve, une
originalité, une puissance de vérité des plus remarquables, et exécuté avec une sureté de main, une rectitude de dessin
qui font de cet artiste un peintre de premier ordre. A l'âge de soixante ans, Boilly se mit à faire de la
lithographie, et, servi par son grand talent de dessinateur, il s'attira dans cet art une popularité qui fit
longtemps oublier son ancienne gloire de peintre. Pourtant la fécondité de Boilly avait été
réellement prodigieuse: outre cinq mille portraits très estimés, ses tableaux
de genre et de mœurs sont extrêmement
nombreux; nous citerons les principaux qui ont été gravés pour la plupart par Tresca, Cazenave, Petit,
etc. : les petites Coquettes, les petits Soldats, l'Amour musicien, l'Amant
poète, la douce Harmonie, le Sommeil trompeur, avant la Toilette, Séparation douloureuse, la Folie
du Jour... — Sur la demande collective de la classe des beaux-arts , Boilly
avait été nommé chevalier de la Légion
d' Honneur en 1833.
➜ Hippolyte Verly ~ Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869 (1869)
➜ Hippolyte Verly ~ Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869 (1869)
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