Tuesday, September 18, 2012

BOILLY


L'effet du mélodrame, 1830 [Musée Lambinet]
Une loge, un jour de spectacle gratuit, 1830 [Musée Lambinet]

Louis-Léopold Boilly

Célèbre peintre de genre et de portrait, né à La Bassée (arrondissement de Lille, en 1761, mort à Paris en 1846, était fils d'un sculpteur sur bois. Ses aptitudes spéciales se manifestèrent de bonne heure: à peine âgé de onze ans, il exécuta un grand tableau, représentant saint Rock guérissant les pestiférés, qui, a en juger par l âge de son auteur, ne devait pas être un  chef-d'œuvre, mais qui révélait tout au moins une vocation déterminée. Deux ans après, Boilly  s'en alla à Douai demander asile à l'un de ses parents, prieur des Augustins; il paya l'hospitalité  du couvent en faisant les portraits des moines, se créa peu à peu une petite clientèle en ville,  se risqua même à entreprendre quelques tableaux de genre, puis partit, en 1774, pour  Arras, où il résida cinq années, travaillant, étudiant, écoutant les conseils et en faisant son  profit. La Révolution le trouva a Paris, où il était arrivé en 1779, jouissant déjà d'une réputation méritée par une grande  facilité de touche et par l'esprit d'observation qui règne dans ses tableaux de mœurs. MM. de  Concourt, dans la Société sous la Révolution, mentionnent un fait d'autant plus piquant pour nous qu'il intéresse deux de nos concitoyen: c'est une accusation lancée par Wicar, dénonçant Boilly comme corrupteur  des mœurs. Il convient de dire, pour expliquer cette action, que le pinceau de Boilly se  complaisait fréquemment à cette époque dans le genre grivois; il n'en fallut pas plus  pour blesser l'austérité républicaine de son compatriote. 

Quoi qu'il en fût, Boilly prévenu à temps trouva aisément dans son active imagination le moyen  de détourner de sa tète l'orage qui la menaçait, et les délégués du tribunal révolutionnaire  chargés de l'enquête le trouvèrent au milieu de son atelier fort occupé de terminer un tableau patriotique qui lui mérita  leurs éloges et leur protection. Ce tableau n'était autre que le Triomphe de Marat actuellement au musée de Lille. A par-  tir de 1799, époque à laquelle il remporta un premier prix de 2,000 fr., jusqu’ en 1820 Boilly  s'adonna à des compositions plus importantes et contenant plus de personnages que ses  précédentes peintures; ses sujets préférés sont des assemblées publiques, des fêtes populaires,  des intérieurs de café des entrées de spectacle, des scènes de la rue, etc., mais tout cela est  saisi avec une verve, une originalité, une puissance de vérité des plus remarquables, et exécuté avec une sureté de main,  une rectitude de dessin qui font de cet artiste un peintre de premier ordre. A l'âge de soixante  ans, Boilly se mit à faire de la lithographie, et, servi par son grand talent de dessinateur, il  s'attira dans cet art une popularité qui fit longtemps oublier son ancienne gloire de peintre.  Pourtant la fécondité de Boilly avait été réellement prodigieuse: outre cinq mille portraits très estimés, ses tableaux de genre  et de mœurs sont extrêmement nombreux; nous citerons les principaux qui ont été gravés  pour la plupart par Tresca, Cazenave, Petit, etc. : les petites Coquettes, les petits Soldats, l'Amour musicien, l'Amant poète, la douce Harmonie, le Sommeil trompeur, avant  la Toilette, Séparation douloureuse, la Folie du Jour... — Sur la demande collective de la classe des beaux-arts , Boilly avait été nommé chevalier de la Légion d' Honneur en 1833.  
Hippolyte Verly ~ Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869 (1869)

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