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La chanson nouvelle de Mlle Angèle Dubos |
Les salons des artistes français - de la création en 1648 et de l’organisation sous la IIIe République (1870-1940)
En 1648 un groupe de peintres crée l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris. Pour y entrer, les artistes doivent prouver leur talent en réalisant un « morceau de réception », qu'ils présentent au salon de l'Académie royale des beaux-arts. Au fil du temps, ce salon s'ouvre à des artistes de tous horizons. En 1798, on décide alors de mettre en place un jury d'admission, afin de réguler la quantité de participants. Les meilleurs sont récompensés. Ces prix deviennent de véritables tremplins pour la carrière de l'artiste, lui permettant de se faire connaître, de gagner sa vie, de voyager, de se former avec les plus grands maitres. Les salons sont également des moyens de connaître l'évolution du goût.
En 1879, le salon des artistes français a lieu au palais des Champs-Elysées. La critique constate que l'école académique, conventionnelle, est en train de disparaître au profit d'un courant de jeunesse, d'une école naturaliste dont les sujets se modernisent. Parmi ces œuvres, une jeune femme expose une scène de genre, intitulé la Chanson nouvelle. Il s'agit d'Angèle Dubos.
Angèle DUBOS (1844 - ?) – femme artiste
Angèle Dubos est élève du grand peintre Charles Chaplin (1825-1891), qui ouvre un cours, consacré uniquement aux artistes femmes, parmi lesquelles nous pouvons citer Mary Cassatt et Louise Abbéma. Chaplin incite ses élèves à participer aux salons. C'est ainsi qu’Angèle Dubos expose à partir de 1873, dans diverses manifestations parisiennes et régionales. Lors de son premier salon, la critique la qualifie d' « élève délicate et pleine d'entrain de M. Chaplin, dont l'influence est bien visible». Elle est premier lauréat du concours et obtient la médaille d'or.
Ses œuvres sont vigoureuses, le mouvement est bien traduit, les couleurs sont vives. Elle ne cesse de progresser au fur et à mesure des années. Au salon de 1876, les membres du jury remarquent son talent. Elle peint d'une manière aimable, avec de l'entrain, de la facilité et du moelleux dans l'exécution. En 1878 elle participe au salon des femmes artistes ainsi qu'à l'exposition universelle. En 1879 elle expose au salon des artistes français de Paris, où elle présente la Chanson nouvelle, mise en vente par Expertissim.
Cette scène de genre montrant une jeune femme jouant de la musique, tête tournée de ¾ vers le spectateur est représentée par M. Vallette, graveur, qui suit tous les salons et qui reproduit les œuvres les plus remarquables. Angèle Dubos fait preuve d'un grand talent dans le rendu du mouvement et des différents types de tissus qui composent la robe. Les couleurs sont douces. Les détails des fleurs, des notes de la partition ainsi que de l'instrument, peuvent rappeler la précision des œuvres flamandes du XVIIe siècle. La tête est animée par la bouche et les yeux entrouverts. Elle semble vivante.
Cette œuvre s'inscrit dans un tournant de l'histoire de l'art, typique de ce salon de 1879. L'art académique s'ouvre vers le naturalisme. Les femmes peuvent enfin exposer et sont reconnues pour leurs qualités. Ce tableau montre une jeune femme accomplie, qui joue de la musique, qui est habillée d'une parure assez riche. Elle est donc la représentation même de la bonne éducation. Mais il semble, avec le regard arrogant, la bouche moqueuse, que l'artiste ait voulu dénoncer ce « cliché » et montrer la libération de la femme. C'est donc une œuvre marquée d'une valeur historique indéniable.
Angèle Dubos, peu connue du fait du manque de sources bibliographiques est pourtant une artiste talentueuse, témoin de son époque. Les critiques des différents salons montrent son importance et la valeur de ses œuvres qu'on redécouvre au fur et à mesure. Certaines se trouvent aujourd'hui dans des musées français, à Caen et au Havre. En 1993, à New York, Sotheby's a adjugé une œuvre de Dubos « Heureux Age » de 1877, pour 14 950 dollars, preuve de la qualité reconnue de l'artiste.
Expertissim
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